! Franck Vandenbroucke : méprisant ou ignorant ?


Lors de sa rencontre avec le ministre de tutelle de la Commission des Psychologues, le Ministre de la Santé témoigne de son mépris — ou de son ignorance — quant à l’autonomie et la spécificité des psychologues

Le mardi 18 avril 2023, le Vice-Premier-Ministre David Clarinval (Indépendants, Classes Moyennes, PME, Économie) a souhaité rencontrer les présidents des associations représentées à la Commission des Psychologues dont il a la tutelle. Compétent en matière d’Ordre et de Déontologie professionnels, David Clarinval voulait nous faire part des résultats de sa rencontre, quelques jours auparavant, avec le Vice-Premier-Ministre Franck Vandenbroucke (Santé, Affaires Sociales), dans l’espoir d’harmoniser leurs positions en matière de déontologie des psychologues.

Compte-rendu

David Clarinval annonce d’emblée que ce n’est pas tant que la rencontre, au cabinet de la Santé, ne se soit «pas bien passée» … : elle s’est «très mal passée» … Il était visiblement surpris par la brutalité des «échanges» et de la fin de non-recevoir sans nuance, opposée par son collègue Vandenbroucke à la nature-même de sa démarche.

Notons que le SPF-Santé avait déjà laissé sans réponse divers courriers du SPF-Classes Moyennes. Il a, par ailleurs, opposé une fin de non-recevoir à toutes les demandes de contact de l’APPPsy. Le Ministre de la Santé, cette fois, a refusé que son collègue des Classes Moyennes vienne le rencontrer en compagnie de l’un(e) ou l’autre président(e) des associations représentées à la Commission des Psychologues, comme David Clarinval le souhaitait.

Rappelons aussi que le ministre Vandenbroucke a cru bon de mettre ses pas dans ceux de Maggie De Block, et d’inscrire les «actes» des psychologues cliniciens dans un modèle managérial techno-médical étranger à leurs pratiques : ceci en faisant fi des normes du Code de Déontologie des Psychologues, bien que celui-ci fût institué par un Arrêté Royal et issu d’un consensus entre toutes les associations et tous les secteurs de la psychologie représentés à la Commission des Psychologues.

Ce faisant, le Ministre de la Santé faisait plus largement l’impasse sur la spécificité clinique et sociale des pratiques en matière de santé mentale, et plus particulièrement sur la nécessité d’un secret professionnel rigoureux. D’une importance cruciale pour nos pratiques quotidiennes, le secret professionnel n’est pas moins important en matière de protection générale de la démocratie. Probablement mal conseillé, Franck Vandenbroucke néanmoins semble le confondre avec un privilège corporatiste issu d’un autre âge.

S’il ne tenait qu’à lui, le Ministre de la Santé supprimerait d’un trait de plume une institution aussi anachronique que la Commission des Psychologues (sic). L’Ordre des Médecins lui paraît suffisamment dysfonctionnel pour avoir à s’encombrer d’un nouvel avatar. Pas question, en tout cas, de laisser la Commission des Psychologues gérer des formations et des accréditations sur le mode des médecins : dans ce genre de formation permanente, il ne s’agit en fait que de «petits arrangements entre copains».

Côté déontologie heureusement, pas d’inquiétude ! Tout est déjà réglé. On a choisi l’«interdisciplinarité» plutôt que les ruminations entre soi. Jadis, une Commission Médicale Provinciale jugeait seulement de l’aptitude physique et mentale d’un médecin à exercer sa profession (un psychiatre héroïnomane, un chirurgien parkinsonien, faisaient mauvais genre). Aujourd’hui, les compétences sont élargies et on l’a rebaptisée Commission Fédérale de Contrôle. Elle a en charge désormais de veiller à l’encadrement déontologique – quadrillé par la loi dite «Qualité» - de toutes les professions de la santé. En ce bel espace interdisciplinaire, chacun désormais aura regard sur la pratique de chacun : les dentistes jugeront celle des psychologues et inversement … les psychothérapeutes tiendront à l’œil les bandagistes ...

Concrètement, un collègue orthopédagogue, présent le mardi 18 avril au cabinet Clarinval, nous apprend que sa candidature a été acceptée et que la première réunion de la Commission Fédérale de Contrôle, à laquelle il appartient, aura lieu la semaine qui vient. Après un bref tour de table, on se mettra directement au travail sur des dossiers et sur des cas précis. Avec quelle méthodologie, quelle déontologie ? Élaborées par qui ? Nul ne le sait.

Face à un tel mépris, un tel amateurisme, les représentants des psychologues réunis autour du ministre l’incitent à mener à bien la rédaction du projet d’Arrêté Royal d’amélioration du fonctionnement de la Commission des Psychologues, tel que décidé collégialement — et le ministre assure que c’est bien là son intention. Vu le contexte, il est néanmoins jugé prudent de remettre à plus tard l’intégration des orthopédagogues (comme ils le demandent) dans le cadre déontologique (recours aux Commissions Disciplinaires) de la Commission des Psychologues.

Lara Nils et Francis Martens
vice-présidente et président de l’APPPsy
23 avril 2023


logo apppsy whiteinfo@apppsy.be
Rue Mercelis, 39  B- 1050 Bruxelles
BCE N° entreprise: 432.012.759
IBAN: BE 77 7340 6105 5142 - BIC: KREDBEBB

Webmaster: Bernard Mortreu :  bernardmortreu@yahoo.fr